356 Le conducteur, la fraudeuse et ceux qui s'en mêlent
vendredi 20 avril 2012 • 18:03 (CEST)
Aujourd'hui, j'ai pris le bus. Rien d'inhabituel. Sauf que sur la ligne 54, il y a un conducteur qui met un point d'honneur à ce que tous les passagers valident leur titre de transport en montant. Et que c'est sur lui que je suis tombé.
Tout allait bien jusqu'à la gare du Nord. A l'arrêt Gare du nord-Dunkerque, commun avec d'autres lignes, un groupe de passagers monte, dont une jeune fille qui ne valide pas de ticket — aussitôt rappelée à l'ordre par le conducteur, celle ci va s'asseoir juste derrière moi en gromelant dans sa « barbe » (c'est une expression), à son adresse, des mots qui sont généralement considérés comme inappropriés dans la bouche d'une jeune fille. Le conducteur, quant à lui, déclare qu'on attendra qu'elle ait validé avant de repartir.
Passent quelques secondes qui parurent des minutes (en vérité pas plus d'une minute, je pense), les passagers ont vite commencé à trouver le temps long et regardaient la fraudeuse-en-devenir d'un air insistant. Aggressive, la passagère se dirige vers l'avant et, tout en invectivant le conducteur — après avoir clamé haut et fort que c'était son problème à elle si elle prenait une amende — décide finalement d'acheter un ticket.
Tout aurait pu s'arrêter là, si des éléments extérieurs (comprendre : des passagers qui attendaient un autre bus) n'avaient décidé d'intervenir, semble-t-il, en sa faveur à elle. La porte avant du bus était toujours ouverte : un homme décide de monter sur le pas de la porte, avec (je crois) deux autres « en soutien » à l'extérieur. Et le voilà qui se mêle de l'histoire et finit par accuser ouvertement le conducteur de racisme. La passagère de son côté, qui venait de valider son ticket, s'est retournée aussi sec et, de façon tout à fait inattendue, a volé au secours du conducteur qu'elle insultait quelques secondes plus tôt, en disant à l'importun qu'il ferait mieux de se mêler de ses affaires et que le conducteur parle, OK, il fait son boulot, mais toi tu n'as rien à dire alors dégage
(et je vous passe les noms d'oiseaux dont elle connaissait manifestement toute une collection).
Elle retourna s'asseoir : les hommes devant ne lâchaient pas l'affaire. Quelques secondes après (qui, de nouveau, parurent des minutes), elle s'est relevée comme une furie, visiblement prête à en découdre s'il n'avait pas l'âge de mon père, je vous jure que (...)
et conseillant carrément au conducteur d'appeler la police.
Finalement l'importun est descendu, et le bus est reparti. Bien que ça ait paru plus long, l'ensemble de la scène n'a pas duré plus de trois minutes.
Après cela, tout le bus y est allé de sa petite anecdote sur les relations conducteur/passagers. Je ne les ai pas notées : je descendais à l'arrêt suivant.
En somme un voyage normal dans un autobus parisien...