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385 Cahuzac, la déchéance

mercredi 03 avril 2013 • 18:02 (CEST)

Le ministère de l'économie et des finances, à Paris.
Le ministère de l'économie et des finances, à Paris.
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Et bien voilà, on a le fin mot de l'histoire. Jérôme Cahuzac a avoué : il a menti, trompé son monde, et il avait bien un compte à l'étranger. Dont acte : il a été exclu du parti socialiste.

Il n'y a rien de surprenant. Personnellement, la bande sonore qui a démarré l'affaire n'ayant pas été repérée comme un montage grossier, je me disais que sa position n'était pas tenable. Il a pourtant été jusqu'à mentir en pleine Assemblée nationale. Et le masque a fini par tomber, comme il finit toujours par tomber.

Alors oui, c'est une faute impardonable, surtout pour un ministre du budget qui prétend lutter contre la fraude fiscale. C'est politiquement intolérable, et je suppose que la déchéance est une conséquence logique et méritée, et ce d'autant plus que le montant incriminé (600 000 euros) semble dérisoire par rapport à des fraudes ou évasions fiscales bien connues qui se chiffrent dans les dizaines de millions d'euros. Tout ça pour ça ! Il aurait mieux fait de l'admettre dès le départ : il aurait sûrement dû démissionner, et aurait peut-être été condamné pour blanchiment de fraude fiscale, mais il se serait épargné l'humiliation et nous aurait épargné un spectacle bien pitoyable (et accessoirement une séance de questions au gouvernement particulièrement désagréable).

Naturellement, la droite se gausse, mais ils seraient mieux avisés de se taire. Qu'ils imitent Éric Woerth, qui a eu l'intelligence de se faire discret et de refuser de commenter. Nul besoin je pense de leur rappeler les casseroles qui poursuivent RPR comme UMP depuis des lustres, des emplois fictifs et des frais de bouche de Jacques Chirac à la mairie de Paris, des faux électeurs de Tibéri, le patrimoine immobilier de Gaymard, les vacances tunisiennes de Michèle Alliot-Marie, les affaires Karachi, Bettencourt et la campagne de Balladur pour ce qui concerne Sarkozy, et j'en passe et des meilleures.

Oui, je suis d'accord avec Claude Goasguen quand il dit qu'il faut des sanctions, mais je lui rappelle que ces dernières années, aucun ministre de droite n'a démissionné avant d'être coincé et obligé de reconnaître sa faute. Quant à ceux qui hurlent que le président de la République savait forcément, en tant que plus haute autorité de l'État, voire a contribué à entraver la justice — pardon ?! Parce que si Hollande était au courant, que dire de MM. Chirac et Sarkozy à leurs époques ? Auraient-ils donc couvert sciemment leurs ministres coupables de manquements graves à la déontologie ? Et si MM. Hollande et Ayrault avaient voulu entraver la justice, serait-on dans la situation où Cahuzac tombe en disgrâce et est en plus mis en examen ? Pas de surprise venant de l'UMP, très forte pour donner des leçons et reprocher à la majorité de ne pas faire ce qu'eux non plus n'ont pas fait. D'autant plus que le même Claude Goasguen estime que cela va faire monter le populisme que son propre parti a contribué à faire exploser depuis 2007 (d'autant que les électeurs de Sarkozy sont majoritairement prêts à s'allier avec le FN). Et pour mémoire, ce n'est pas l'UMP qui exclut ses membres tenant des propos intolérables, puisque Christian Vanneste en fait toujours partie.

Si cette affaire a un aspect positif, c'est que François Hollande semble enfin décidé à prendre des mesures pour empêcher les hommes politiques condamnés personnellement pour fraude fiscale ou corruption d'accéder à tout mandat public, car qu'a fait la droite qui a été au pouvoir pendant 41 des 55 dernières années ? L'UMP a même, en 2011, voté contre une proposition de loi sur la transparence de la vie politique. On attend les actes qui doivent faire suite à l'intention, mais il y a encore de l'espoir… certains députés apportent déjà leur contribution pour démontrer que non, ils ne sont pas « tous pourris », tels Gérard Filoche dont la vidéo fait le tour du net. Et le PS, si imparfait soit-il, nous prouve que non, il n'est pas comme la droite.

Quant au FN, je n'en parle même pas : entre Florian Philippot qui comme à son habitude croit utiliser des métaphores subtiles mais qui n'ont en réalité guère de sens et la longue liste des élus FN condamnés pour des actes graves (parfois jusqu'au meurtre), ils feraient mieux, eux aussi, de se faire discrets, surtout au moment où Marine Le Pen s'affiche avec Gaston Flosse (embourbé depuis plus de dix ans dans des affaires judiciaires, récemment condamné à cinq ans de prison pour trafic d'influence et corruption) et assume.