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378 Ich bin (ganz nicht) ein Berliner

vendredi 09 novembre 2012 • 19:46 (CET)

Porte de Brandbourg
La porte de Brandebourg.
(cc)-by-sa Clem

Berlin. Première visite après toutes ces années d'allemand… n'est-ce pas une honte ? J'ai donc profité d'une combinaison temps libre + promos et hop, me voilà parti.

Évidemment, heure d'hiver oblige, quand nous avons atterri à l'aéroport de Berlin-Tegel à 17 heures tapantes, il faisait déjà nuit noire, et ça n'encourage pas à la programmation.

Deux mots sur l'aéroport de Tegel : simple et rapide. Le temps de débarquer, les bagages arrivaient déjà (quand je pense que parfois à Charles-de-Gaulle il faut attendre une demi-heure… il faut dire aussi qu'ici les tapis roulants à bagages sont quasiment au pied de l'avion). Ensuite la signalétique est très bien faite et il ne m'a pas fallu plus de deux minutes pour me retrouver au guichet pour acheter une WelcomeCard (l'équivalent de notre carte Paris-Visite : je préfère avoir les transports illimités, c'est plus simple). En plus il s'est trouvé que le bus express X9 m'emmenait directement à Ernt-Reuter-Platz et ce en 15 minutes — ce qui tombe bien : c'est la station de métro la plus proche de mon hôtel. Bref à peine une demi-heure après l'atterrissage, j'étais déjà en train de m'installer.

Berlin, donc. Ma première réflexion a été qu'on dirait une espèce de Vienne agrandie (on a les références qu'on peut). On y retrouve les caractéristiques germaniques que d'aucuns prisent constamment, cette espèce de discipline qui leur semble innée (je vous rassure : les vélos se conduisent aussi mal que chez nous). En regardant de plus près, on trouve une capitale européenne semblable aux autres, à la différence près qu'il me semble y avoir moins de touristes par rapport à Paris, Londres ou Vienne — trois villes où on entend beaucoup de langues différentes où qu'on aille. Par contre, j'ai bien retrouvé ici les petits enfants roms qui essaient de vous faire les poches parce qu'ils se font tabasser à la maison s'ils ne ramènent pas assez de butin, les bohémiennes qui vous harcèlent et pour lesquelles je ne parlerai jamais un mot d'anglais (« nein nein »), et les bandes de faux sourds qui veulent vous faire signer d'incompréhensibles obscures pétitions.

Et puis vous me connaissez, je ne peux pas ne pas vous faire un paragraphe sur le métro. Ah, le métro ! J'y ai retrouvé avec bonheur les annonces à rallonge (tout comme à Vienne, ils vous listent toutes les correspondances à chaque arrêt) généralement inaudibles, et la simplicité tarifaire (une fois le billet validé, il n'est plus besoin de le revalider tant qu'il est valable ; du coup vous arrivez souvent directement du dehors sur le quai et la combinaison bus/tram/métro est possible). Quant aux rames, c'est tout une autre histoire. On dirait des espèces de grandes boîtes de conserves peintes en jaune canari (les plus anciennes sont encore d'un orange un peu passé du plus bel effet « années 60 »), avec des petites portes de Brandebourg sur les vitres, sans plans de ligne pour certaines… quant aux plus récentes, le plan du réseau est carrément affiché au plafond. Pour ce qui est du S-Bahn (l'équivalent de notre RER), les livrées des trains, à base de grenat et d'or, fait très années 1920. Par contre gros point positif, une très bonne desserte (à peine plus de 4-5 min en journée) et certaines lignes fonctionnent 24h/24, certaines autres ont un service de substitution par bus la nuit, ce qui est fortement pratique.

J'ai donc joué les touristes en allant voir la fameuse porte de Brandebourg la nuit dernière, très jolie d'ailleurs. Et pour la journée d'aujourd'hui, entres autres, le fameux et très célèbre Checkpoint Charlie, situé en plein milieu de la Friedrichstraße, l'une des principales artères du centre-ville. Difficile d'imaginer qu'à cet endroit passait le mur, entouré par ses zones franches, coupant littéralement la ville en deux (c'est une chose de le savoir, une autre de voir à quel point on n'imaginerait pas que ça ait eu lieu tant la ville offre une continuité). D'ailleurs, le Musée du mur/Haus am Checkpoint Charlie est situé juste à côté ; l'entrée est un peu chère mais l'endroit est très intéressant : les différentes expositions y semblent complètement anarchiques (pour ne pas dire que c'est un véritable bazar, toutes les pièces et textes étant traduits en anglais, en français et en russe mais parfois pas dans cet ordre, le tout organisé sans logique apparente) mais retracent toute l'histoire du mur depuis l'occupation alliée de l'Allemagne jusqu'à sa chute il y a 23 ans aujourd'hui (ça tombe bien) ; j'en retiens surtout la partie consacrée aux tentatives d'évasion, toutes plus inventives les unes que les autres, d'est-allemands en direction de Berlin-Ouest, qui occupe la majeure partie de l'expo. Une autre aile du bâtiment se consacre à l'histoire des relations internationales et de l'OTAN depuis Reagan jusqu'au milieu des années 2000.

Checkpoint Charlie
Checkpoint Charlie & l'impérialisme américain.
(cc)-by-sa Clem

Je passe sur le reste, après tout il y aura toutes les photos nécessaires prochainement sur Flickr et je n'ai pas vocation je pense à jouer les guides touristiques. Même si pour le coup (mais je commence à être habitué), ici aussi des gens me demandent leur chemin. Comme d'habitude, ils veulent en général savoir où aller là d'où je viens, ce qui fait que je peux même leur répondre, c'est fou !

Sinon, tout de même, quelques petites anecdotes ou détails marrants que mon esprit d'emmerdeur n'a pu s'empêcher de remarquer (je suis susceptible d'en rajouter au fur et à mesure) :

  • Ici, il semble vraiment y avoir peu de passages piétons. Ils sont à peine signalés, et encore, c'est s'il y a des feux. Aux croisements sans feux, démerdez-vous !
  • Nous autres Français avons une approche négative des choses. Ainsi à certains carrefours nous avons des panneaux interdiction de tourner à gauche ou à droite. Les Allemands voient les choses différemment : à la place ils auront un panneau obligation d'aller tout droit ou à gauche ou tout droit et à droite, par exemple.
  • Ils commencent vraiment à s'équiper pour accepter les cartes de crédit, c'est bien pratique. Bien joué !
  • Les boulangers allemands qui vantent leurs viennoiseries « tradition française » n'ont toujours pas compris que le croissant au fromage n'en fait pas partie, et ne se mange pas au petit déjeuner.
  • Les numéros de téléphone peuvent avoir 7 ou 8 chiffres, ou bien seulement 4, ou bien 5, et on ne sait jamais s'il faut composer le code zone (lequel n'est pas forcément indiqué sur les réclames) ou si ce n'est pas nécessaire (cf nos numéros courts).
  • La numérotation des rues ne se fait pas séquentiellement avec un côté pair et un côté impair comme chez nous. Les numéros se suivent, et une fois arrivé au bout de la rue, ça repart dans l'autre sens (numérotation dite « en fer à cheval »). Résultat, vous pouvez avoir le 30 d'un côté et le 158 de l'autre, mais surtout, sauf à bien connaître la rue en question, un numéro ne vous dira jamais par lui même à quel niveau de la rue ni sur quel trottoir le bâtiment que vous cherchez se situe. Pour bien compliquer les choses, les quartiers les plus récents (à partir de 1929) ont, eux, une numérotation séquentielle paire/impaire…

  • Les timbres pour les cartes postales ne sont pas les mêmes (ni au même prix) que ceux pour les lettres. Une carte postale devient une lettre si elle est dans une enveloppe. Les timbres pour lettres ne sont apparemment vendus que dans les bureaux de poste ou dans les automates estampillés Deutsche Post. Dommage pour les philatélistes !
  • Dire Grüssgott à un Allemand (il s'agit de la salutation utilisée en Autriche) permet d'obtenir de son interlocuteur un regard correspondant à un bovin perdu. Par contre vous pouvez lui dire Tschüss en partant, ce que les Autrichiens vivent assez mal (c'est trop familier selon leurs critères).
  • La ligne U6 du métro est en travaux et interrompue en son milieu, entre les stations Friedrichstraße et Französische Straße. Du coup partout dans le métro on parle de « français », hé ouais hé ouais hé ouais !
  • Petite dédicace à mes geeks du métro : la ligne U55 qui relie la gare centrale (Hauptbahnhof) à la porte de Brandebourg via le Parlement (Bundestag) est si courte, que c'est un peu comme si la ligne 3bis du métro parisien reliait le Champ de Mars au Trocadéro via la Tour Eiffel !

Ce n'est en fait qu'en me surprenant à jurer (pour moi-même) en allemand que je me suis rendu compte à quel point Vienne me manque, et j'espère avoir l'occasion d'y retourner bientôt !

Quant à Berlin, encore tant de choses à voir, et je n'ai (déjà) plus que deux jours, snif...