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384 Joyeux Mardi gras !

mardi 12 février 2013 • 06:53 (CET)

Aujourd'hui, 12 février, ce n'est pas seulement le jour où l'Assemblée nationale va (enfin !) voter l'ouverture du mariage aux couples de même sexe. C'est aussi Mardi gras. Et à la Nouvelle-Orléans, on ne plaisante pas avec Mardi gras !

Butin d'un goût douteux : bling-bling time
Butin d'un goût douteux : bling-bling time.

C'est le principal événement de la ville croissant : tout au long de la première quinzaine de février, la Nouvelle-Orléans passe en mode carnaval et ce n'est pas peu dire ! Partout dans la ville on peut croiser des gens costumés, arborant divers colliers de perles, ou bien des masques de carnaval. De nombreux événements sont organisés, tels que la foire aux masques le long du marché français ou le festival zoulou de Lundi gras qui a lieu le lundi précédent comme son nom l'indique.

Et puis il y a les parades.

Ah, les parades. Même en conaissant le principe, on n'imagine pas à quel point la ville vibre tant qu'on n'a pas été au cœur de l'animation. Chaque soir vers 17 heures, c'est comme si toute la ville s'arrêtait pour assister aux parades et d'ailleurs, Mardi gras est quasiment un jour férié ici. Les bus s'arrêtent dans les secteurs concernés et soudain, tout le monde converge vers la parade route, souvent St Charles Avenue pour les parades dans Uptown, la ville haute (par opposition au centre-ville constitué par le district financier et le Vieux carré). Et de part et d'autre de la rue, sur les trottoirs ou les voies du streetcar (il y a une blague qui circule à ce sujet, les sidewalk side contre les neutral ground side : choisir son camp est, pour les citer, aussi important pour les Néo-orléanais que de choisir son candidat dans American Idol, l'émission locale à l'origine de la Nouvelle Star), chacun regarde passer le défilé, souvent deux ou trois à la suite, chacun avec un thème propre (comme par exemple la parade de Bacchus cette année intitulée Bacchus navigue sur les sept mers, celle de Thot qui avait pour thème le mot King ou encore celle de Mid-City qui avait pour thème le temps.

Le but du jeu, car il s'agit d'un jeu, est d'amasser le plus de goodies possible. Au premier rang desquels les colliers de perles, symboles de Mardi gras, que les gens situés sur les chars lancent vers la foule. Ils ne lancent pas que des perles, d'ailleurs, mais aussi divers objets tels que des gobelets (j'en ai déjà 13 différents), des peluches, des machins qui flashent de différentes couleurs, des « bijoux » d'un goût plus que douteux, des ballons de football en plastique, etc. Naturellement, il faut attraper tout ça : ce qui tombe au sol reste au sol, telle est la règle (pas toujours très bien suivie, surtout quand il s'agit d'objets rares propres à une parade ou même à un char de cette parade). On peut donc voir un tas d'adultes qui, une bière à la main (contrairement au reste des USA, il n'est pas illégal ici de boire en public), se bagarrent pour des objets sans valeur dont il n'ont pas besoin, voire en récupérer sous le nez des enfants, le tout sans se sentir le moins du monde coupable. Drôle d'expérience.

Décorations de Mardi gras à la Nouvelle-Orléans
Des perles, des perles, des perles.

Je crois que ma parade préférée, jusqu'ici en tous cas puisqu'il reste celles de mardi, aura été le Krewe d'État (krewe étant l'écriture locale de crew : en Louisiane ils aiment réorthographier les mots pour qu'ils aient l'air plus créoles, comme Geaux Saints pour Go Saints) : une parade très orientée politique et qui, contrairement aux autres parades représentées par un Roi (et parfois une Reine), est représentée par un Dictateur.

Entre les chars, différents spectacles ou numéros sont proposés, la plupart du temps des défilés de fanfares scolaires, de cheerleaders majorettes, ou bien de groupes de danse ou autres, par exemple les Mufalottas, les Pussyfooters ou bien les 610 Stompers. Certains viennent de loin, comme le Guggenmusik Kamikaze tout droit venu du Valais. L'ensemble est digne du cliché : drapeaux, uniformes, promotion des militaires (les garde-côtes, la Navy et l'Air Force ont généralement un char ou un groupe). Toutefois, j'ai remarqué que beaucoup de majorettes ne sont pas aussi fines et radieuses que la télévision voudrait nous le faire croire. Une bonne partie d'entre elles ne devrait probablement pas porter ce genre d'uniforme, mais d'une certaine façon il est plaisant de voir qu'elles le portent et l'assument, aussi peu esthétique que ce soit, et que tout le monde trouve ça normal. Celles qui en revanche correspondent au cliché ne font pas dans le détail, en général blondes avec cette expression renforcée par le maquillage qui dit « je vaux mieux que toi et je t'emmerde » : rien que de les voir donne envie de les frapper.

Toutes ces parades laissent le dos douloureux et les vêtements mouillés, parce que quand il pleut par ici ce n'est pas une petite averse de rien du tout mais un véritable déluge et qu'en plus, les défilés peuvent prendre des heures (les plus longues ayant plus de 50 chars participants). Pour autant les spectateurs sont au rendez-vous, même quand c'est la trentième parade de la saison (la première a eu lieu le 25 janvier, environ deux à trois par jour presque tous les jours jusqu'à aujourd'hui, rien que pour Uptown, ça en fait des parades !). On ne peut pas échapper à Mardi gras !

Pour le reste, je vous laisse admirer mes photos. Je continuerai d'alimenter l'album au fur et à mesure.

Joyeux Mardi gras !